Cet article a été rédigé par la Coordination Savaara en novenbre 2017, dans le cadre d'une publication collective sur le métier accompaganteur pour la tribune Fonda de décembre 2017.
Parce que la vie associative a ses spécificités, inscrites dans les valeurs de l’éducation populaire, l’accompagnement aux porteur.se.s de projet relève d’une démarche singulière, distincte d’une logique de guichet, qui s’inscrit dans le temps.
Accueillir pour créer le lien
C’est la première phase de l’accompagnement ; elle est déterminante pour la suite. Il s’agit de recevoir les porteur.se.s dans un espace propice à l’échange en toute confidentialité. Recevoir une personne, c’est la prendre en compte dans sa globalité : elle arrive avec son idée et ses attentes mais aussi avec son parcours, son histoire, ses espoirs et ses craintes. De fait, il est indispensable de créer un climat de confiance et considérer la personne sans jugement ni à priori, et respecter le droit de chacun.e à l’expérimentation. Accueillir, c’est aussi instaurer un principe d’égalité entre le.la porteur.se et l’accompagnateur.trice. Chaque partie a ses connaissances et compétences propres. Accompagner dans l’autonomie et non à l’autonomie, c’est reconnaitre le.la porteur.se comme expert.e de son projet, ne pas faire à la place.
Accompagner : des postures qui s’adaptent, des valeurs fondamentales
L’accompagnateur.trice est amené.e à cheminer, avec distance et empathie, avec les porteur.se.s de projet : information - conseil - orientation - accompagnement, à chaque besoin, une posture et un rythme adaptés. Ce cheminement implique de rester dans une écoute active, de reformuler, de creuser pour aller plus loin que ce qu’apporte le.la porteur.se, pour faire un diagnostic partagé. Il s’agit aussi de poser un cadre rassurant en balisant les étapes et en accompagnant l’appropriation des éléments techniques. L’accompagnateur.trice se doit de mettre en lien le.a porteur.se avec d’autres porteurs.euses pour échanger, partager des pratiques, envisager des collaborations. Il est important de souligner qu’il s’agit aussi de porter et de défendre les valeurs de l’éducation populaire.
Accompagner, c’est parfois savoir gérer des situations complexes : savoir et dire qu’on ne sait pas, savoir ne pas se réfugier derrière des réponses techniques, savoir reposer le cadre légal, savoir remobiliser en cas de découragement et accompagner en cas d’échec, en identifiant les causes et en trouvant les leviers appropriés. Il est indispensable de s’attacher aux potentiels plutôt qu’aux manques, de repérer et valoriser les domaines d’expertises et les compétences formelles et informelles des porteur.se.s par rapport au projet, puis chercher ensemble les moyens et les solutions aux problématiques rencontrées.
L’accompagnateur.trice face à son métier
Plus qu’un technicien, l’accompagnateur.trice doit, dans le cadre qui lui est donné par la loi et sa structure, savoir mobiliser et transmettre ses compétences. Il.elle doit connaitre ses forces et ses limites, connaitre les évolutions de son environnement et les mutations des associations, et savoir faire appel à des tiers (pairs, réseaux, spécialistes, orientation vers des structures relais). Cela implique une bonne capacité d’auto-analyse et d’évaluation et une bonne connaissance de son territoire, des structures ressources et des dispositifs, pour bien travailler en réseau. L’accompagnateur.trice doit pouvoir s’appuyer sur sa structure pour faire remonter ses besoins et ses difficultés et doit se sentir en confiance pour accéder à la formation professionnelle et exercer son droit de retrait. L’essentiel étant de rester attentif.ve aux évolutions des formes d’engagement et de savoir faire évoluer sa pratique.