Cet article a été établi à partir de l'intervention de Claudia ZIM IOU SIÉ, chargée de mission à la Chambre des Associations, lors des rencontres natinales du RNMA à Amiens en décembre 2017.
Créée en 1998, la Chambre Des Associations est une union d’associations qui regroupe 180 associations sur l’ensemble de la France. Labellisée CRIB, elle délivre des CFGA depuis la création du certificat en 2008. Rapidement nous sommes arrivés à la question de la diversification des publics. Il est certes utile pour des bénévoles qui veulent prendre des responsabilités dans leur projet associatif, mais il peut aussi aider des porteurs de projets qui veulent créer leur association, en amont même du dépôt des statuts. En partenariat avec la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) du Val-de-Marne, on l’a étendu à des volontaires en service civique puisque se posait la question de leur formation civique et citoyenne, à des salariés qui ont toujours travaillé auparavant dans le secteur de l’entreprise classique et qui avait besoin de bien comprendre les spécificités associatives en arrivant dans la nouvelle structure, comme par exemple la relation salarié/bénévole.
Depuis 2013, en partenariat avec l’université Paris Est Créteil, plus précisément avec l’UFR des sciences de l’éducation et des sciences sociales, nous avons décidé de l’ouvrir à des étudiants d’une licence professionnelle « intervention sociale », qui dans leurs débouchés professionnels étaient amenés à travailler soit directement au sein d’une association, soit en partenariat avec des associations lorsqu’ils se destinaient à travailler pour le service public. Le premier travail effectué a été d’étudier la maquette de l’enseignement, d’identifier les unités qui portaient déjà sur le secteur associatif et d’apporter un complément de formation sur la loi 1901 ou certaines spécificités du secteur. Depuis 5 ans, en complément de leur licence, ces étudiants valident également le CFGA.
Depuis deux ans, sur le master Emploi et économie sociale et solidaire dispensé à Paris 8, nous avons travaillé selon les mêmes modalités avec les enseignants, et également avec Sciences Po Saint-Germain-en-Laye puisque les étudiants en 2eme année de licence doivent porter un projet collectif : de recherche, associatif, entrepreneurial, culturel, ou encore de coopération internationale. Ce partenariat permet à des étudiants déjà engagés dans une association au sein de l’IEP (Institut d’Études Politiques) d’acquérir un certain nombre de connaissances théoriques qu’ils exercent au sein du projet porté.
Nous avons une équipe de formateurs qui intervient chacun sur son module, avec qui nous partageons une vision particulière du monde associatif, nous sommes très attachés à l’article 1 de cette loi 1901. Par exemple, nous avons un partenariat avec un cabinet d’avocats spécialistes en droit des associations et des fondations pour le module sur la responsabilité des dirigeants, nous travaillons avec des experts comptables spécialistes du secteur et qui en maîtrisent les particularités. L’avantage pour les étudiants est de découvrir le monde associatif. Parfois la vision qu’ils en ont se résume à imaginer quelques bénévoles qui montent une action. Ainsi nous avons ajouté dans nos méthodes d’intervention la visite de certaines structures, de tailles différentes pour faire conscientiser cette diversité dans les modalités de mise en oeuvre des actions, dans les types de gouvernance. Ils acquièrent ainsi des billes pour mieux comprendre ensuite quand ils seront en emploi les relations qu’ils auront avec le monde associatif. »
Question de la salle: « Sur ces déploiements, je pense comprendre que le CFGA valide bien des crédits ECTS mais je veux bien que vous le précisiez. Aussi, le CFGA contient une partie pratique au sein d’une association. Pour assurer cet aspect, en effectuez-vous un suivi particulier ? »
Claudia ZIM IOU SIÉ - Chambre des Associations : « Nous avons étendu le type d’action considérée comme formation pratique. Au sein de l’UPEC, des étudiants ont un projet tutoré qu’ils mènent dans le cadre de la formation et qui compte comme partie pratique du CFGA. Pour ceux qui ont des stages au sein d’une association, il permet la validation de la pratique. On reconnaît aussi leur expérience associative déployée hors université, qu’ils soient bénévoles ou volontaires au sein d’associations. Avec le directeur de la faculté des sciences de l’éducation, on organise tous les ans une remise du CFGA lors de la remise des diplômes pour ceux qui l’ont validé à la fois sur le théorique et la pratique. Notre critère pour valider la formation théorique va être la présence et la participation aux cours mais pas nécessairement la note qui, elle, sert pour la licence. L’idée était de promouvoir que même s’ils échouent à la licence, ils puissent valoriser quelque chose à la fin de leur période de formation.
Aussi, étant une union d’associations, on propose aux étudiants qui veulent élargir les champs d’intervention qu’ils connaissent, de réaliser en plus du stage prévu pour la validation de leur licence, un stage dans une
structure d’un autre champ. Par exemple, un étudiant qui a fait son stage de licence dans l’insertion professionnelle pourra être mis en lien avec une association dans le champ de la formation, ce qui lui permettra de s’orienter plus facilement lorsqu’il recherchera un emploi. Nous déployons des CFGA aussi avec le public de la CDA, bénévoles, salariés, porteurs de projets, … mais les personnes qui le suivent ne sont pas en lien avec ceux qui passent le CFGA en milieu étudiant. C’est pourquoi on s’efforce de leur faire rencontrer d’autres structures, et aussi de les inviter à des évènements qu’on organise. Dans le cadre du projet collectif que les étudiants en Sciences-Politiques de Saint-Germain-en-Laye doivent mener, comme celui-ci a un coefficient 7 dans l’obtention de leur diplôme, nous les accompagnons plus spécifiquement et l’apport théorique est ainsi mieux ancré, par exemple quand on travaille avec eux le montage financier de leur projet.
Le texte de loi encadrant le CFGA précise qu’il est destiné à des bénévoles de plus de 16 ans, engagés dans des associations et qui souhaitent y prendre des responsabilités. Notre approche est un peu en dehors des clous par rapport au texte initial. Nous avons rencontré pour cela le ministère de la VA et ils ont publié un article sur leur site web intitulé « le CFGA, le cas de la Chambre des associations », qui présente ce que nous déployons. Ainsi, lorsqu’on présente notre formation aux étudiants, le fait d’avoir cet article nous permet de dire qu’il y a une tolérance malgré le décalage.
Question de la salle: « Quant au modèle économique de cette action, comment financez-vous ce travail ? »
Claudia ZIM IOU SIÉ - Chambre des Associations : « Pour cela, nous avons des conventions de partenariat avec chacune des universités comme un intervenant classique et nous sommes rémunérés par les universités. Nous participons aux réunions de coordination pédagogique qui réfléchissent aux volumes horaires, aux évaluations. Les notes obtenues par les étudiants lors de notre première année de convention n’étaient pas satisfaisantes pour nous. Nous avons réfléchi aux causes et nous sommes rendus compte qu’on voulait peut-être traiter trop de choses pour coller au référentiel CFGA. Nous avons alors affiné le contenu du cours avec les autres enseignants en fonction de ce qu’ils traitaient déjà. Ainsi travailler auprès des universitaires nous a amené à redéfinir le programme, les contenus, les modalités d’animation et d’évaluation. »
Question de la salle: « Quand vous organisez le CFGA vous-même, quel public parvenez-vous à toucher ? Quels sont les profils des bénévoles qui sont intéressés et surtout qui arrivent à le suivre compte-tenu de la forte implication qu’il demande ? »
Claudia ZIM IOU SIÉ - Chambre des Associations : « Nous touchons toute sorte de public, à la fois des bénévoles administrateurs dans leur association, mais aussi des personnes qui font du bénévolat plus ponctuellement mais qui a un moment souhaitent en savoir plus sur le fonctionnement associatif car ils auraient envie d’aller plus loin et prendre plus de responsabilités plus tard. On a aussi beaucoup de porteurs de projets qui viennent participer et parfois ils s’inscrivent même en groupe de deux ou trois qui sont sur le même projet car ils savent qu’ils pourront aussi échanger avec d’autres personnes et voir comment traiter leurs difficultés en les partageant. »
Question de la salle: « Et par rapport à la durée du stage, je crois qu’il y a un format imposé ; comment peuvent-ils s’adapter aussi alors qu’ils sont bénévoles et qu’ils ont d’autres activités par ailleurs ? Ils ne peuvent pas passer toutes leurs journées de stage pratique s’ils travaillent ou étudient par ailleurs ? »
Claudia ZIM IOU SIÉ - Chambre des Associations : « La durée de la partie pratique est de vingt jours et ils ont jusqu’à six mois pour l’effectuer à partir de la fin de la partie théorique. Nous avons une sorte de tolérance pour les bénévoles participant à la formation. Nous considérons par exemple, s’il est salarié par ailleurs, que lorsqu’il prépare sa réunion de CA, y participe puis en effectue une restitution, il a réalisé une journée de formation pratique. On arrive ainsi à répartir les vingt jours demandés sur plusieurs mois.
On constate aussi que 60% de nos stagiaires ne demandent pas le certificat même s’ils sont très contents de suivre le parcours et que ça leur a été utile. Ils reviennent vers nous plus tard pour des conseils mais le certificat les concerne moins. Ce sont plutôt des demandeurs d’emplois, des personnes en pleine reconversion professionnelles, ou certains étudiants et bénévoles jeunes qui souhaitent obtenir réellement la délivrance du CFGA. Les bénévoles seniors souvent ne le réclament pas. »