Cet article a été publié dans le cadre des journées d'étude territoriale de 2019 qui se sont tenues à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Ces journées étaient l’occasion de découvrir des expériences menées par des Maisons des associations. Ce partage autour de cas divers permet de mettre en perspective la notion de participation et d’analyser le rôle et la place des Maisons des associations dans l’accompagnement de ces dynamiques. Dans cet article, il est traité les différents dispositifs proposés par le DSU de Boulogne-sur-mer permettant de repondre à divers problématiques observées.
Basée originellement dans le quartier Politique de la Ville du Chemin Vert où son siège est toujours présentL’association DSU propose une variété de dispositifs répondant à diverses problématiques observées; elle a su adapter leur fonctionnement aux enjeux du territoire. L’équipe est composée de 13 salariés répartis dans différents quartiers.
Le Fonds de participation des habitants
Le premier dispositif du DSU est le Fonds de Participation des Habitants, FPH. Il rentre dans l’objectif de donner le droit aux habitants de s’organiser et de choisir des projets à l’échelle de leur quartier ou de leur territoire. Ce dispositif s’inscrit dans la volonté de développer le pouvoir d’agir, de laisser une place centrale et motrice à l’habitant. Le comité d’attribution des financements est composé d’habitants et de représentants d’associations des quartiers Politique de la Ville. Le DSU a ici un rôle d’accompagnement mais n’est en aucun cas décisionnaire. Le dispositif est plébiscité par les habitants pour son accessibilité; la simplicité des démarches et la souplesse des procédures favorisent l’implication des habitants. Malgré des enveloppes qui se réduisent ces dernières années, il permet de faire financer, relativement simplement, des petits projets qui auraient des difficultés à trouver d’autres sources de financement. Doté financièrement par l’État et les collectivités, le Fonds de participation des habitants (FPH) permet de financer des projets ponctuels qui contribuent au renforcement du lien social dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ses objectifs sont les suivants:
• donner les moyens aux habitants, constitués ou non en association, de participer à la vie de leur quartier
• construire des projets qui contribuent à l’animation du quartier
• améliorer le cadre de vie
• développer des échanges intergénérationnels entre les habitants
En 2017, le FPH a été remplacé par les PIC, projets d’initiative citoyenne.
Nos quartiers d’été
Implanté dans ce quartier, le DSU se charge, en partenariat avec d’autres structures ou collectivités de la mise en place de « Nos quartiers d’été ». Ce dispositif a pour objectif de proposer des animations aux habitants n’ayant pas l’opportunité de partir en vacances, de former et de valoriser les habitants, de les rendre acteurs de leurs vacances... Dispositif historique en région qui a près de 30 ans d’existence, il permet un travail avec les familles. comme organiser des activités dans le quartier, comme des repas partagés. Depuis plusieurs années, le thème de l’écologie est mis à l’honneur. En 2019, une semaine d’activité est prévue au Chemin vert, elle a été construite avec une quinzaine d’habitants et d’associations.
Le dispositif est désormais bien approprié par les habitants bien qu’ils y voient quelques limites. Notamment, il serait intéressant de pouvoir faire financer des actions en dehors du quartier, comme des sorties à la mer. Cette remarque est fortement ressortie des échanges avec les habitants. D’autre part, les délais de réponses aux actions proposées sont si tardifs qu’ils pénalisent la mise en œuvre des projets. Une instruction plus rapide permettrait certainement de faciliter la mise en place la participation aux actions. Enfin, les associations reconnaissent qu’il n’est pas toujours évident de mobiliser les habitants. Enfin, le dispositif gagnerait à être mieux articulé avec le FPH comme cela est le cas à Roubaix.
Le dispositif « Nos Quartiers d’Eté » est un dispositif porté par la Région Hauts-de-France afin de soutenir des projets d’animation sociale et culturelle des quartiers durant la période estivale. Les projets « Nos Quartiers d’Eté » permettent d’accompagner des dynamiques collectives et participatives dans les territoires en politique de la ville. Ils reposent sur des dynamiques inter partenariales (associations, habitants, collectivités, entreprises, etc…) et peuvent se développer en actions inter-quartiers voire inter-territoires. Les thématiques principales des actions « Nos Quartiers d’Eté » visent à développer une citoyenneté active dans les quartiers.
De multiples implantations
Toujours dans le quartier du Chemin Vert, l’association DSU a donné naissance au Hangar, un espace partagé de création qui favorise l’entraide et le partage de connaissances et de compétences. Le Hangar encourage la participation des habitants en les accompagnant sur des projets de dynamisation du territoire, de leur lieu de résidence.
Des besoins en lien avec la vie associative étaient très forts, aux niveaux des locaux, des ressources, des outils ou des formations… Le DSU s’est emparé de cette question en imaginant et en créant le Centre de Ressources aux Associations Boulonnaises (CRAB) avec pour objectifs de répondre à ces problématiques. Le DSU s’est vu confier la gestion de la Maison des associations par la ville de Boulogne-sur-Mer. Le CRAB est basé dans ces locaux. Reconnu dans sa fonction d’accompagnement, le CRAB fait partie du réseau des Points d’information à la Vie Associative (PIVA). Il dispense également des formations et notamment, le Certificat de Formation à la Gestion associative (CFGA).
Le dispositif Educ Pop est adossé au CRAB, proposant un ensemble de formations destinées aux bénévoles des associations visant une montée en compétences de ces derniers. Les formations vont de l’institutionnel Certificat de Formation à la Gestion Associative en passant par des théma tiques plus précises comme vendre des produits, rédiger un dossier de demande de subvention… Le champ du numérique est aussi fort présent dans le panel de formations proposées avec pour exemple la maîtrise de la suite bureautique Libre Office, l’infographie…
La formation ne se limite pas exclusivement à la vie associative mais peut aussi intégrer toutes personnes intéressées dans le domaine de l’animation avec la création d’un partenariat avec les CEMEA Hauts-de-France pour la mise en place de session du Brevet d’Aptitudes aux Fonctions d’Animateur (BAFA) sur Boulogne-sur-Mer. Autre formation ouverte, le PSC1 (Prévention et Services Civique de niveau 1) en partenariat avec l’association boulonnaise Opale Lifeguard.
Les formations proposées ne sont pas le fruit d’idées imaginées par le DSU. Dans sa philosophie, l'association met les bénévoles et les acteurs du tissu associatif au centre des projets. Les formations proposées et mises en place ont pour objectif de répondre aux besoins exprimés par les associations. Engagé dans l’Éducation Populaire, le DSU par ses formations met au centre le stagiaire bénévole, autour d’une relation faite d’échanges et d’écoute, avec le respect de la personne.
Le passage Siblequin
Le Quartier Politique de la Ville du centre-ville est le champ d’action de deux autres pôles de l’association DSU, tous deux implantés dans le Passage Siblequin. Malgré son implantation en centre-ville, cet espace, comme un interstice de la ville, reste en marge de l’activité du quartier. Précédemment lieu de passage ou de squat, l’association, au travers des actions qu’elle y a développées, a redonné vie à ce passage qui voit désormais émerger des jardins urbains et des repas partagés. Cette « revitalisation » s’est faite avec les usagers des lieux, à partir de leurs besoins et de leurs envies et dans une logique de mixité et d’inclusion.
Le C-Napse est le premier d’entre eux. Espace partagé ouvert à toutes et tous, ses domaines d’action sont les outils numériques et technologiques, sciences, éducation, projets coopératifs, projets sociaux. Des animations et des formations au numérique y sont régulièrement organisées. C’est également un espace de rencontres avec les habitants, avec toute personne souhaitant s’y poser, échanger, partager. Le lieu est équipé de nombreux outils numériques et voit se dérouler dans ses murs les ateliers du C-Lab, laboratoire d’expérimentation éducative. Son objet est la vulgarisation des sciences, du numérique, des nouvelles technologies. Ce lieu polymorphe se veut le plus ouvert possible. Il se réfère bien volontiers à la philosophie des communs si bien que le lieu se conçoit comme une ressource partagée et gérée par ses usagers. Son projet évolue au gré des initiatives et des envies des habitants, ce qui en fait un lieu à proprement parler de participation citoyenne.
Le second espace de Siblequin est consacré à la jeunesse. Disposant d’un panel d’outils qui leurs sont dédiés, on trouve dans ces murs la Coopérative Jeunesse Boulonnaise Entrecoop (CJB) et le Point d’Information Jeunesse (PIJ). Le PIJ se définit par sa convivialité, un espace de partage et d’écoute où un accueil personnalisé et anonyme est proposé aux jeunes. Il existe depuis 2016 et propose des permanences régulières, ainsi que des repas partagés. A l’écoute des jeunes, il cherche à créer ou recréer du lien pour faire face à tous les types de difficultés : logement, isolement, précarité, addiction, etc.
Mais le
PIJ n’agit pas seul et les partenariats qu’il développe lui permettent d’apporter des réponses diversifiées aux jeunes. Par exemple, il propose régulièrement des séances de socio-esthétique et de relaxation en partenariat avec l’association Littoral Préventions Initiatives. Ce qui permet aux personnes de s’évader quelques heures et de reprendre confiance et courage. Le Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (CAARUD) vient égale ment faire des permanences régulièrement au PIJ.
Coopérative jeunesse de services
Les Coopératives Jeunesse de Services sont des projets d’éducation à l’entrepreneuriat coopératif qui accueillent des 16-18 ans pendant l’été. Initiées il y a près de 30 ans au Québec, les CJS ont fait leurs preuves et sont actuellement déployées en France. Au sein de ces projets, les jeunes s’initient au fonctionnement d’une entreprise démocratique, développent leur esprit d’initiative et prennent conscience de leurs capacités d’agir.
La CJS a pour but de permettre aux jeunes de créer une activité économique et rémunératrice, mais aussi de travailler sur les valeurs humaines que sont l’entraide, le partage et la cohésion. La CJS propose différents types de prestations : ateliers et animations diverses, repas, événements sportifs, nettoyage et rangements, etc. Elle est une version adaptée des coopératives jeunesse de services.
"La CJB nous permet de travailler sur des projets formateurs et rémunérateurs, au travers d’actions qui nous donnent des compétences et font découvrir des métiers" Quentin, membre de la CJB
Un travail de médiation
Le DSU assure une fonction d’intermédiation du service civique et propose donc aux associations non agréées une mise à disposition d’un volontaire en service civique. Il s’agit d’une part d’être à l’écoute du projet des jeunes pour leur proposer des missions qui peuvent correspondre à ses aspirations. Mais dans le même temps, il s’agit d’appuyer les associations dans l’accueil et l’intégration des volontaires. Une fois que la bonne intermédiation est faite, il faut suivre la mission et s’assurer de son bon déroulement en accompagnent et en outillant.
Au sein de cet espace de Siblequin, le DSU est médiateur urbain, il est facilitateur que ce soit entre les habitants mais aussi entre les derniers et les institutions, les divers acteurs locaux. Le DSU assure ainsi une présence de proximité active et visible pour favoriser la cohésion sociale, prévenir et gérer les situations de conflits, encourager les actions citoyennes, diffuser les informations relatives au quartier...
Toujours en réponse à des besoins observés, le DSU est également médiateur Santé. Les missions des médiateurs santé sont de faciliter l’accès aux soins et aux droit à la santé, accompagner les personnes dans les démarches de santé, orienter vers les bons professionnels de santé, relayer les informations des institutions, animer des actions de prévention.
Le DSU assure également
l’accompagnement des conseils citoyens de Boulogne-sur-Mer, mais aussi d’Etaples et de Marquise, des villes voisines. L’association est disponible auprès des conseillers pour les appuyer dans l’appropriation de leur mission. Il s’agit donc d’être présent en fonction des besoins, d’appuyer la cohésion du groupe, d’accompagner les conseillers dans leur représentation vis-à-vis des institutions et notamment le contrat de ville. Le DSU organise aussi des formations pour permettre aux conseillers de monter en compétences et d’assumer leur mission au mieux.
Le Repair café de Boulogne-sur-Mer Le principe des repair café
Réparer ensemble, c’est l’idée des Repair Cafés dont l’entrée est ouverte à tous. Outils et maté riel sont disponibles à l’endroit où est organisé le Repair Café, pour faire toutes les réparations possibles et imaginables. Vêtements, meubles, appareils électriques, bicyclettes, vaisselle, objets utiles, jouets, et autres. D’autre part sont présents dans le Repair Café des experts bénévoles, qui ont une connaissance et une compétence de la réparation dans toutes sortes de domaines.
On y apporte des objets en mauvais état qu’on a chez soi. Et on se met à l’ouvrage avec les gens du métier. Il y a toujours quelque chose à apprendre au Repair Café. Ceux qui n’ont rien à réparer prennent un café ou un thé, ou aident à réparer un objet appartenant à un autre. On peut aussi toujours y trouver des idées à la table de lecture qui propose des ouvrages sur la réparation et le bricolage.
A Boulogne-sur-Mer, le repair Café est situé à la maison de l’étudiant et l’association dispose également d’un entrepôt à Rinxent dans une ancienne usine. En cohérence avec la philosophie des repair café, sa mission est d’apprendre à faire et non de faire à la place des participants. Cette logique de transmission est fondamentale, si bien que l’association forme également le personnel de certaines grandes enseignes. Le projet fonctionne de manière bénévole et la participation est gratuite, même s’il est demandé aux participants d’amener une collation pour entretenir la convivialité ! Il se réunit deux fois par mois.
Le repair café fonctionne en partenariat avec les autres repair café de la côte d’opale : Wimille, Rinxent, Neufchatel, etc. Et plusieurs de ses bénévoles se sont formés à l’impression 3D au C’napse.