Article écrit à partir des propos de Valérie Fernandez, chargée de mission à la vie associative - ville de Martigues, recueillis lors de la table ronde "Coopérer pour innover" organisée en décembre 2020 par le RNMA dans le cadre de ses rencontres nationales sur le thème "Analyser l’impact de la crise sanitaire sur le monde associatif, les associations locales, et le métier des MDA". Consulter sur cet article les enseignements de cette table ronde
La Maison de la Vie Associative de Martigues est un lieu de transversalité entre les associations de tous les secteurs, avec une spécificité plus forte sur les associations de solidarité et d’intérêt général, liée au fait que les autres associations ont un lien fort avec une direction attitrée (sports, culture…). Mettre en lien c’est se positionner en tant qu’interface, faciliter les échanges internes et externes entre associations, avec les services de la ville, grâce à la connaissance fine des associations acquises par les accompagnateurs de la MVA, qui ne répondent pas seulement aux problématiques des associations, mais parviennent à mettre en commun les ressources de plusieurs acteurs. La MVA est donc le lieu où naît la coopération.
Depuis 2018, la MVA coordonne une action de collecte alimentaire en réunissant les 6 associations de solidarité qui avaient l’habitude de faire des collectes sur la ville, l’enjeu étant de « faire ensemble » pour faire mieux. La première étape a été de les aider à mieux se connaître entre elles. Des temps d’échanges ont d’abord été nécessaires pour dissiper parfois la défiance des unes envers les autres : différences de locaux à disposition, médiatisation des unes et pas des autres, manque de forces vives de certaines face à la capacité d’accueil de jeunes d’une autre… Ensuite, malgré des divergences d’organisation elles se retrouvent à gérer les mêmes problématiques. Ainsi en partageant des analyses sur leur fonctionnement, chacune a pu identifier des points d’amélioration à emprunter à l’autre. Progressivement, la zone d’influence possible s’élargissait dans ce cadre collectif et la reformulation des problématiques ont participé à la construction d’une projection commune : le projet Martigues Solidaire.
La deuxième étape était de rendre les associations et leur action de solidarité plus visibles sur le terrain, puis de rendre les habitants « tous solidaires ». En se déployant sur le territoire via les quatre collèges et les trois lycées mais aussi les lieux institutionnels (Médiathèque, Maison des Jeunes et de la Culture, Conservatoire de musique et danse, les dix Maisons De Quartiers et la salle de spectacle La Halle), et en y associant également les partenaires économiques (entreprises, grandes enseignes de la distribution et une dizaine de commerces de proximité), Martigues Solidaire prenait forme.
D’un point de vue très pratique, nous avons assisté à des échanges de dons entre les associations : le secours catholique a donné des excédents à l’association Partage, une permanence gynécologique des Équipes St Vincent a été organisée pour le Secours Populaire Français. Concernant la lutte contre le gaspillage alimentaire ( cf la loi EGALIM de 2019 et le don aux associations habilitées), la maison De la Vie Associative a accompagné les associations éligibles à la mise en place d’une convention permettant aux associations de récupérer les portions non distribuées dans les différents restaurants scolaires municipaux, en lien avec la cuisine centrale municipale.
La coordination de l’évènement à l’échelle de la ville a permis une meilleure connaissance des acteurs locaux et une confiance accrue des unes envers les autres, les liens étant dynamisés par la Maison De la Vie Associative. Les associations de solidarité gagnent en autonomie et se posent comme régulatrices face aux demandes accrues des habitants ; elles sont le reflet des évolutions de la société et améliore ainsi la réponse aux missions d’intérêt général sur la ville.
Face à la crise sanitaire, les institutions ont dû se réorganiser pour agir vite et bien. Le crédo : pas de perte de temps ni d’énergie, la réponse doit être le reflet d’une organisation fluide et réactive, les services publics ont la connaissance des dispositifs, les associations celle du terrain. La coopération des deux est évidente et face à l’urgence, la MVA s’est positionnée en facilitant les liens entre les associations de solidarité et le Centre Intercommunal d’Actions Sociales (coordinateur des actions sociales du territoire), en y associant les maisons de quartiers. Cette collaboration opérationnelle a permis de renforcer les liens au sein de la collectivité en déployant d’autres forces vives : des agents devenus bénévoles, des structures municipales en veille sociale, des numéros d’urgence pour répondre à la population, des salles d’activités devenues ateliers de confection de masques... Encouragées par la MVA, toutes les associations ont été mobilisées pour apporter leur pierre à l’édifice et ont été forces de propositions pour organiser des actions : Football Club Martigues, Martigues Sport athlétisme, centres sociaux et maisons de quartiers. Le tissu associatif prend alors tout son sens, quand la réunion de tous rejoint l’intérêt général.
Les entreprises locales sollicitées pour soutenir les associations pendant la crise sanitaire ont su répondre à leur appel. Lors du premier confinement, l’entreprise PetroIneos a fait une donation sous forme de subvention exceptionnelle à quatre associations. Le renforcement de l’action des associations subsistera aussi grâce à cet engagement des entreprises, né pendant la crise et qui perdurera.
Si l’innovation sociale en appelle à la création de nouvelles pratiques entre les institutions, alors la MVA se pose en « initiatrice d’initiative » et facilite l’innovation sociale.